Anne Reveyrand en réponse à l’opposition sur la ZFE

Anne Reveyrand en réponse à l’opposition sur la ZFE

Le groupe « Inventer la Métropole de demain » a déposé deux vœux relatifs à la zone à faibles émissions (ZFE). Des vœux superflus, puisque la période de concertation publique est toujours en cours. Anne Reveyrand est intervenue pour le groupe, pour rappeler qu’il faut attendre les conclusions de cette concertation avant de prendre les décisions.

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le président, chers collègues,

Nous avons tant et tant parlé de cette ZFE que ces 2 vœux semblent surprenants, non pas dans leur contenu mais dans le calendrier. On pourrait presque penser qu’il y aurait des élections de niveau national dans les temps à venir…

Une ZFE, c’est un système très complexe, qui, au-delà de la mécanique des périmètres, aides et dérogations, s’appuie sur de l’humain. Partout dans la mise en place de ZFE, les collectivités ne se privent pas d’ajustements. On ne peut que s’en féliciter.

Un contrôle des vignettes Crit’Air par l’Etat ne sera pas mis en place avant le deuxième semestre 2023, nous l’espérons. Il est clair que c’est une opportunité pour une phase pédagogique et la prise en compte des ajustements nécessaires, tant en termes de dérogations que d’accompagnement individualisé, de proximité des publics.

S’il a été décidé de constituer un panel citoyen et de mener une concertation longue, c’est bien, je cite : « pour construire ensemble des règles et des solutions permettant à la ZFE d’être efficace contre la pollution de l’air tout en préservant la mobilité de tous ».

Ce panel a été imaginé justement pour une prise en compte de ces préoccupations, tout comme celles des habitants qui s’expriment sur la plateforme mise à leur disposition. Des mesures de bon sens sont proposées par les habitants, et c’est bien. Nous saluons ce travail et leur engagement.

Mais c’est tout de même un peu facile, je dirais même opportuniste, de reprendre dans un vœu politique leur parole, alors même que la délibération de mise en place de la ZFE 5+ n’est pas connue et que nous avons la ferme volonté de prendre en compte cette parole, et ainsi apporter des réponses aux inquiétudes légitimement exprimées : la première réaction du panel citoyen s’exprime en frein à la liberté tant la voiture a envahi nos vies (la liberté aussi de passer des heures dans les bouchons, d’être atteint d’une maladie chronique ? ).

« La ZFE va bouleverser nos modes de vie ». « le dispositif s’impose à nous », disent-ils. Rappelons ici que la ZFE n’est pas une lubie de notre majorité mais qu’elle répond à un souci exprimé par l’UE, repris par nécessité par l’État français, de protéger les populations sur les périmètres les plus pollués.

Oui, notre rapport à tous, à la mobilité est aujourd’hui bouleversé avec l’augmentation du prix des carburants, la fin du diesel qui connaît, d’ore et déjà, une chute des ventes spectaculaire, avec le véhicule électrique qui va rapidement devenir prépondérant et constitue déjà le cœur d’activité de certains constructeurs automobiles en Europe, avec le développement du vélo grâce à des infrastructures plus performantes et plus sûres, avec la gratuité des transports en commun pour les 50 000 habitants les plus pauvres, notamment.

Mais le premier frein à la liberté, n’est-ce pas le pouvoir d’achat ? qui laisse la liberté d’habiter loin des axes fortement pollués, de disposer d’une mobilité choisie ?

La question centrale de ces inquiétudes reste tout de même celle du pouvoir d’achat, et même celle du pouvoir de vivre, quand on sait — et cela a été dit hier matin — que les fortunes explosent et que nous vivons une flambée historique des profits.

Alors pourquoi ne pas augmenter le SMIC, les minima de branches et offrir un accès au RSA à tous les jeunes de 18 à 25 ans ? Ceux qui ont besoin d’un véhicule automobile pour se rendre sur leur lieu de travail auraient sans doute déjà les moyens de s’offrir un véhicule qui n’aurait pas entre 15 et 20 ans d’âge. Précisons ici que l’épuisement naturel du stock de véhicules anciens Crit’Air 5+ ou non classés augure d’un stock à renouveler de moins en moins important.

Qu’on ne s’y trompe pas : les aides financières prévues donneront une opportunité à des habitants à faible revenu d’acquérir enfin un véhicule de qualité et s’il n’est pas neuf, récent. N’est-ce pas l’injustice sociale qui fabrique ce parc de véhicules aujourd’hui inapproprié ? Alors oui, rétablissons un peu d’équité pour permettre à chacun de concourir à notre objectif de santé pour tous.

Notre objectif, c’est de réussir cette ZFE, avec nombre d’alternatives et s’il le faut, plus de dérogations, plus d’aides et plus de temps.

Solidaire de la majorité, notre groupe Socialistes, la gauche sociale et écologique & Apparentés ne votera pas ces vœux superflus.

Je vous remercie.