Gilbert-Luc Devinaz sur la politique agricole de la Métropole

Gilbert-Luc Devinaz sur la politique agricole de la Métropole

Le Conseil approuvait ce matin la politique agricole de la Métropole de Lyon. Avec un budget de 10 millions d’euros prévu dans la PPI, elle permettra de favoriser une agriculture durable sur la Métropole. Gilbert-Luc Devinaz est intervenu pour le groupe socialiste.

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le Président, Monsieur le vice-président, mes chers collègues,

Cette délibération témoigne d’une belle ambition de notre collectivité en matière de politique agricole que nous souhaitons saluer. Elle est cohérente, partenariale et dotée de moyens financiers notables et d’outils innovants.

Nous l’oublions parfois : notre territoire métropolitain est aussi une terre agricole ! 12 000 hectares et environ 350 agriculteurs et viticulteurs travaillent dans notre agglomération. Ma collègue vaudaise, Hélène Geoffroy, rappellerait à juste titre qu’elle est maire de la capitale du cardon !

En tous cas, ces terres, ces hommes et femmes sont aujourd’hui particulièrement sous pression : pression foncière, pression des changements climatiques, pression économique. En effet, les épisodes de gel ou de sécheresse sont désormais récurrents et donc structurants. Ils témoignent de l’incontestable dérèglement climatique.

Les difficultés à transmettre les exploitations sont réelles, celles à vivre dignement de son travail, sources de drames quotidiens.

Par ailleurs, la pandémie a réveillé auprès des habitants les craintes des pénuries alimentaires et mis en relief la fragilité de notre système. Elle a aussi mis en lumière la précarité alimentaire de nombreuses familles lorsque, par exemple, les cantines ont dû fermer lors du premier confinement.

Une politique agricole locale est donc un levier essentiel pour s’adapter au changement climatique, protéger la biodiversité et les conditions de vie et de rémunération de celles et ceux qui assurent notre alimentation. Elle se doit d’améliorer l’accès de tous à une alimentation de qualité. Elle est fondamentalement à la croisée des enjeux de justice sociale et de transition écologique que porte la nouvelle majorité.

Aussi, nous saluons le fait que les axes de travail de la Métropole présentés dans cette délibération articule l’ensemble de ces enjeux de manière cohérente et accroissent les moyens alloués en la matière avec notamment 10 millions inscrits à la PPI.

Je salue également la démarche de coopération territoriale très élargie qui est mise en place par le vice-président Jérémy Camus. Car, bien évidemment, cette politique ne peut pas être pensée dans les seules limites administratives de la Métropole, a fortiori si elle vise à augmenter notre autonomie alimentaire. Les habitants de la Métropole ont la chance de vivre dans une aire géographique riche en la matière : le département du Rhône, par exemple, a une production extrêmement diversifiée : viticole, horticole, d’élevage, céréalière, maraîchères et fruitières.

Or, les métropolitains ne consomment que 5% de ce qui est produit dans un rayon de 50 km.  Alors, oui, nous pouvons, nous devons progresser en la matière. Il est évoqué la commande publique, et notamment la restauration collective des collèges. Il y a aussi des outils de transformation à soutenir ou à inventer pour doper la relocalisation alimentaire, créer de l’emploi. Cela supposera aussi de s’interroger sur le volet logistique d’une telle ambition.

Cependant, augmenter son autonomie ne veut pas dire viser l’autarcie alimentaire. Ce serait irréalisable, et constituerait même un non-sens vis-à-vis de ce qui fait la spécificité de l’agriculture : les terroirs. Cela pourrait même s’avérait contradictoire avec certains autres enjeux environnementaux comme la préservation de nos ressources en eau. Nous sommes donc satisfaits que l’objectif affiché de relocalisation alimentaire du nouvel exécutif ne cède pas à ce fantasme : 15% est déjà une forte ambition sur le mandat.

Enfin, je me permettrai deux points de vigilance : le travail de repérage et d’accompagnement des futurs cédants de foncier doit se faire bien en lien avec les communes. Et plus globalement, il faut veiller que la dynamique partenariale repose sur un langage commun.

Notre groupe votera pour cette délibération.

Je vous remercie.