Hélène Geoffroy sur l’autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais

Hélène Geoffroy sur l’autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais

Conséquence de la loi LOM de décembre 2019, le SYTRAL va être transformé en établissement public local et regrouper 11 communautés de communes, 2 communautés d’agglomération, la Région et bien sûr la Métropole. L’enjeu est de taille puisque ce nouveau SYTRAL organisera les mobilités sur un territoire bien plus vaste que jusqu’à présent. Hélène Geoffroy est intervenue pour le groupe.

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le président, chers collègues,

Permettez-moi d’abord de revenir sur l’enjeu de ce que nous votons, puis je dirai quelques mots sur la façon dont nous proposons de travailler. Sur la question de ce que nous sommes en train de créer, c’est-à-dire une autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais, voilà que la loi du 24 décembre 2019 en imposant la création de cet établissement public qui permet – je le rappelle car je ne crois pas que cela ait été cité – de pouvoir réunir la Métropole, la Région – nous l’avions déjà –, mais aussi des communautés d’agglomération, des communautés de communes, qui couvrent un territoire si vaste que pour la première fois, nous sommes en capacité de travailler de façon moderne sur la question des mobilités.

Nous le constatons, c’est une nouvelle source d’inégalités que nous avions peut-être peu identifiées dans les politiques publiques passées et qui ont pris une importance de plus en plus grande. Nouvelle source d’inégalités, ces mobilités sont aussi une nouvelle expression de fractures territoriales.

Nous allons créer cette nouvelle AOMTL à un moment où se posent un certain nombre de questions : des questions autour de l’énergie et des incertitudes que nous avons sur son coût, sur son mode de production quand un débat national est en train de traverser le pays ; des sujets évidemment de santé, que nous avons au travers de la mobilité et qui ont été désormais bien identifiés ; et puis évidemment la question évidente des déplacements vers les lieux de travail – même si le télétravail on l’a entendu prend de l’importance, on espère qu’il ne remplacera jamais la capacité d’être ensemble – et vers les lieux de loisirs.

Au 19ème siècle quand on commence sur ces sujets à moderniser en installant le métro, on le fait évidemment dans les grands centres les plus peuplés avec l’idée que ce sont ces territoires qui porteront l’essentiel du développement. Pendant tout le 20ème siècle, nous avons beaucoup parlé de fractures de mobilité, notamment avec les quartiers populaires et les banlieues. C’est un sujet d’Île-de-France, un sujet de la métropole lyonnaise, un sujet aujourd’hui toujours d’actualité aussi à Marseille avec ses quartiers nord.

C’est-à-dire que pendant un temps, on a considéré, en éloignant celles et ceux qui travaillaient, que la voiture était le moyen le plus simple et le plus sûr de se rendre sur les lieux de travail ; et puis peut-être dans une forme d’inconscient le fait de se dire qu’on ne facilitait pas tant que ça le rapprochement entre les banlieues et les centres-villes aisés. Et puis est apparue une nouvelle forme de fracture qui a fait irruption dans le paysage politique français il y a trois ans de cela avec le mouvement des gilets jaunes qui est un mouvement du périurbain – du rurbain comme on dit aussi.

Et donc la question du transport – je ne parlerai évidemment pas de toutes les dérives que nous avons pu connaître –, des mobilités, de la capacité d’aller sur son lieu de travail et sur les lieux de loisirs, a fait irruption.

Et aujourd’hui avec la création de cette autorité organisatrice des transports, c’est une très grande responsabilité qui nous est confiée parce que nous avons à repenser la cohésion au sens du lien entre les territoires, de la réduction évidemment des inégalités, mais penser aussi transports en commun et toutes les mobilités, les services scolaires, les questions de la tarification, les sujets de covoiturage, d’autopartage ; bref, essayer de penser globalement ce qui est devenu une politique publique à part entière et pas simplement un volet de politique publique de façon générale.

Et plus largement c’est la question d’aménagement qui est posée – et on l’a vu faire irruption de nouveau en termes d’aménagement du territoire : pense-t-on une Métropole qui ruissellerait sur l’ensemble des autres territoires ou pense-t-on plutôt un territoire des communautés d’agglomération, des communautés de communes et une Métropole qui travaillent ensemble ?

Il me semble que c’est une façon de poser un premier acte très concret de collaboration entre des communes qui ne doivent plus se regarder comme en concurrence ou des territoires dont certains aspireraient des forces vives par rapport à d’autres qui se désertifieraient, mais bien voir la capacité de penser collectivement emploi, économie, mobilités et réduction des fractures territoriales et sociales.

Donc mes chers collègues il me semble qu’étant donné la hauteur des enjeux, il est important que nous puissions tous être mobilisés autour du plan que nous construirons pendant ce mandat, du plan de déplacement, du plan de mobilités, que cette réflexion soit à la hauteur.

Et donc je pense important – et c’est la proposition qu’a faite le président de la Métropole et j’ai l’impression que tous les groupes d’opposition l’ont bien entendue – que chacun d’entre vous puisse être représenté. Finalement, à partir du moment où chacun l’a dit, personne n’a la volonté de faire basculer des majorités de circonstance – je crois que ça a été dit avec beaucoup d’émotions par tout le monde –, ça semble évident que notre AOMTL mériterait que chaque groupe soit représenté, que chaque groupe ait la possibilité d’exprimer sa position au sein de cette AOMTL. Pour ça je pense que la proposition faite permet d’entendre et de partager de façon collective l’ensemble des points de vue, et je pense que notre autorité gagnerait à cette représentation plurielle.

Je vous remercie.