Projet partenarial entre la Ville de Lyon, la Métropole, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’État et l’Organisation mondiale de la santé, la future académie de l’OMS sera implantée dans le quartier de Gerland à Lyon. Avec l’ambition d’atteindre 10 millions d’apprenants au total dans le monde d’ici 2023, ce projet d’envergure majeure aura toute sa place dans la lutte contre les futures épidémies. Jean-Michel Longueval est revenu sur ce projet lors du Conseil du 21 juin.
Seul le prononcé fait foi
M. le Président, chers collègues,
Cette académie, véritable centre d’apprentissage tout au long de la vie, a l’ambition d’atteindre 10 millions d’apprenants dans le monde d’ici 2023, la finalité étant de construire des sociétés et des économies plus saines.
L’OMS constate qu’à moins d’une décennie de l’échéance fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable, seule une poignée de pays sont sur la bonne voie pour atteindre l’ensemble des cibles liées à la santé et même si les personnels de santé augmentent au niveau mondial, il manquera près de 20 millions d’agents de santé d’ici 2030, et les pays pauvres rencontreront des difficultés pour la formation de leur personnel de santé.
L’OMS pointe que la base de connaissances en santé double tous les trois mois alors qu’il faut plus d’une décennie pour que les pratiques les plus récentes soient appliquées par l’ensemble des personnels de santé dans le monde.
C’est pourquoi cette académie a l’ambition de développer la science de l’apprentissage pour mettre rapidement les connaissances et les informations à disposition des professionnels de la santé, des responsables de la santé publique, des autorités de réglementation et des décideurs politiques.
L’Académie de l’OMS s’implante au cœur du Biodistrict de Gerland, qui regroupe déjà des leaders mondiaux en sciences du vivant. Ces acteurs sont rassemblés dans le pôle de compétitivité Lyonbiopôle, spécialisé dans la lutte contre les maladies infectieuses humaines et animales. Notre Métropole est donc reconnue dans la filière des Sciences de la Vie, en France comme à l’international.
Je souhaite insister sur le concept de « One Heath » – en français Une seule santé ou encore santé globale.
L’OMS travaille en étroite collaboration avec la FAO et l’OIE (pendant de l’OMS pour la santé animale autour du concept de santé globale pour apporter des réponses face aux risques issus des zoonoses et autres menaces pour la santé publique à l’interface homme-animal-écosystème.
Rappelons que chez l’homme, 75 % des maladies infectieuses émergentes ont une origine animale.
Pour prévenir ces épidémies émergentes à l’échelle mondiale, l’approche de santé globale, intersectorielle et interdisciplinaire entre les santés humaine, animale, végétale et environnementale est aujourd’hui incontournable.
À l’échelle d’un être vivant, un simple déséquilibre de la flore microbienne peut entraîner une maladie, ou empêcher l’organisme de combattre un pathogène.
À l’échelle d’un territoire, le climat, les pratiques agricoles, ou tout autre facteur socio-économique, bouleversent les interactions et équilibres entre les virus, les vecteurs pouvant les transmettre comme les moustiques, les réservoirs qui hébergent ces virus tels les chauves-souris et les hôtes tels les animaux et les humains.
La déforestation, le trafic d’espèces sauvages et la perte de biodiversité sont des déséquilibres qui favorisent les contacts entre de nouveaux pathogènes et l’homme, aboutissant à l’émergence de maladies, comme par exemple Ébola.
Si ces maladies sont au départ très localisées, les activités humaines sont susceptibles de les diffuser au monde entier, comme en témoigne la Covid-19.
Anticiper, surveiller, détecter ces maladies chez l’homme et aussi chez l’animal, agir vite et aussi informer et former en période de calme, co-construire un socio-écosystème résilient, tout cela doit permettre une gestion renouvelée de la santé à l’échelle de la planète tout entière pour éviter que ces maladies deviennent des pandémies.
Ce concept de santé globale a déjà été appliqué dans la prévention de l’influenza aviaire en 2016 dans les caraïbes, et à contrôler la fièvre aphteuse et la fièvre de la vallée du Rift dans l’océan Indien en 2019.
Aujourd’hui, il faut rassembler un ensemble d’acteurs pour comprendre et gérer ces questions de santé : les scientifiques de toutes disciplines intégrant également les Sciences Humaines et Sociales intégrant les 4 secteurs de santé (humaine, animale, végétale et environnement), les organisations internationales (OMS, OIE, ONU) et aussi la société civile dans une approche interdisciplinaire et intersectorielle.
Enfin, il est indispensable de porter une attention particulière aux pays les plus vulnérables. Car l’approche One Health doit aussi contribuer à la solidarité internationale.
Ici à Lyon, nos établissements d’enseignement supérieur et de recherche ne s’y sont pas trompés, en venant de déposer un projet dans le cadre de l’appel à projet du PIA4 – Programme d’Investissement d’Avenir
Ce projet baptisé LYNX voit la constitution d’un consortium regroupant nos 3 Universités, 5 écoles d’ingénieurs ainsi que VetAgro Sup et les hôpitaux HCL, Vinatier et Léon Bérard, ainsi que les organismes de recherche tels le CNRS et l’INSERM.
Il s’agit de mettre en synergie les forces académiques et de recherche de la Métropole pour confirmer notre place d’acteur de référence en France dans le domaine de santé en investissant notamment l’axe One Health.
L’Académie de l’OMS va nécessairement contribuer à accélérer ce changement de paradigme.
Nous voterons donc ce rapport avec enthousiasme.