La Métropole devait émettre un avis sur le projet de tracé du tronçon sud de la ViaRhôna, reliant Pierre-Bénite à Givors. Pour des raisons de préservation de l’environnement notamment, la Métropole émet un avis défavorable au tracé proposé par la Région et rejoint ainsi celle de la Commission d’enquête en charge du dossier. Joëlle Séchaud, élue de la circonscription, est intervenue pour le groupe.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président, chers collègues,
La ViaRhôna, au sujet de laquelle nous délibérons ce jour, est un projet ambitieux et exceptionnel de véloroute voie verte le long du Rhône.
Ambitieux et exceptionnel par la longueur de son tracé puisque la ViaRhôna relie le Lac Léman à la Méditerranée, soit plus de 800 kilomètres depuis la Suisse jusqu’en France.
Ambitieux et exceptionnel par la diversité des paysages, par la richesse des patrimoines naturel et historique que la ViaRhôna offre à voir à celles et ceux qui l’empruntent.
Ambitieux et exceptionnel par le tourisme écoresponsable que la ViaRhôna suggère et par les nombreux acteurs qu’elle sollicite comme l’hébergement, la restauration, les offices de tourisme, les sites remarquables de 2000 ans d’histoire à visiter.
Ambitieux et exceptionnel par le mode de déplacement sécurisé que la ViaRhôna assure aux cyclistes, les protégeant des dangers de la circulation automobile.
Ambitieux et exceptionnel encore par l’étendue de ce vrai parcours de santé que la ViaRhôna propose à ses usagers.
Ambitieux et exceptionnel enfin par l’attractivité que revêt pour les familles une telle possibilité d’itinérance à vélo qui comme le chemin de Compostelle peut se fractionner d’une année sur l’autre, au gré des capacités physiques de chacune et chacun et du temps de loisirs dont on dispose.
Le parcours de la ViaRhôna inscrit la traversée de l’agglomération lyonnaise, laquelle exige que soit encore aménagé un secteur au Sud de Lyon, celui reliant sur 18 kilomètres la ville de Pierre Bénite à celle de Givors. Au demeurant, il m’importe particulièrement que ce secteur situé dans la 12ème circonscription métropolitaine, celle de Lônes et Coteaux dans laquelle je suis élue, puisse être sécurisé et qu’il puisse ainsi boucler le tracé de la vélo route voie verte. Tous les habitants de cette zone savent déjà apprécier ce joyau de nature, que sont les Lônes, dans lesquelles il fait bon descendre ou remonter le Rhône à pied sur ses berges et se remémorer le temps des pirates du Rhône, famille de bateleurs de Vernaison qu’a su fidèlement restituer Bernard Clavel.
Mais pour que la région Auvergne Rhône-Alpes qui a pris la maîtrise d’ouvrage sur ce secteur puisse aboutir ce projet, il faudrait mettre en compatibilité le PLU-H, notamment déclasser des espaces boisés localisés sur les communes d’Irigny et de Vernaison. Suite à l’enquête publique et au rapport qui lui a été remis par la commission d’enquête qui a émis un avis défavorable au projet et à la mise en compatibilité du PLU-H, Monsieur le préfet sollicite donc le président de la Métropole de Lyon pour recueillir l’avis des élus métropolitains.
Monsieur le président, chers collègues, à quelle réalité faisons-nous face ? Comme je l’ai souligné en introduction de mon intervention, une véloroute voie verte très ambitieuse et exemplaire dont il serait nécessaire d’assurer la continuité. Mais le pouvons-nous à n’importe quelles conditions ? Pouvons-nous valider la proposition de la région d’un seul tracé pour les 18 kilomètres de ViaRhôna situés sur la portion Lyon Sud ? Ne serait-il pas plus pertinent d’étudier d’autres alternatives de tracé ? Pouvons-nous adopter ce tracé unique et accepter dès lors que soient abîmées des zones naturelles très riches protégées ? Les études environnementales incomplètes fournies par la Région nous permettent-elles de mesurer l’impact ? Ne devrions-nous pas, avant de décider en responsabilité de voter une mise en compatibilité du PLU-H, encourager la région à approfondir les études et à nous en livrer tous les résultats ?
Face aux impacts environnementaux, ne devrions-nous pas plutôt envisager un contournement des zones fléchées pour préserver la biodiversité et protéger les cyclistes qui seraient très exposés en zone inondable ? Car enfin pouvons-nous promouvoir les modes actifs sur une si longue distance en valorisant les patrimoines naturels et concéder un écart environnemental de 18 kilomètres à notre ambition ? Bernard Clavel qui a vu disparaître la Saulaie d’Irigny se rappelle encore à nous, il écrivait : « L’homme s’enlaidit qui détruit pour de l’argent »
C’est pourquoi, les élus Socialistes, la gauche sociale et écologique & Apparentés, dont je me fais la porte-parole sur cette délibération, ne souhaitent pas abîmer cette belle entreprise qu’est la ViaRhôna en permettant aux bulldozers de terrasser faune et flore au prétexte que la véloroute doit être continue. Soutenant l’idée que d’autres tracés sans ou avec un très faible impact environnemental soient étudiés, nous voterons donc pour cette délibération.