La marche à pied constitue la principale mobilité dans le monde : elle est accessible à toutes et tous et offre de nombreux bénéfices en termes de santé. Or, les aménagements des dernières décennies ont pour beaucoup favorisé la voiture au détriment de la marche, rendant dès lors certains cheminements impossibles : absence de trottoirs, discontinuité, étroitesse, etc. Ce plan piéton permettra de corriger ces erreurs, pour permettre à chacun sur toute la Métropole de circuler à pied là où ils le souhaitent. Sandrine Runel s’est exprimée pour le groupe.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président, chers collègues,
Parent pauvre des politiques de mobilité, et pourtant l’un des usages les plus représentés en ville, la marche comme moyen de déplacement souffre d’une situation qui ne lui permet pas de bénéficier, comme le vélo ou les transports en commun, de véritable schéma directeur. Pourtant, la mobilité piétonne est la seule mobilité universelle.
Rendre plus facile la marche à pied, encourager la « marchabilité » est donc une politique publique qui devrait être assez consensuelle et facile à mettre en œuvre. Force est de constater que ce n’est pas le cas.
C’est principalement pour cette raison que la Métropole de Lyon a lancé de juillet à novembre 2021 une concertation pour permettre aux Grands Métropolitains de partager leurs attentes, leur vision, leurs besoins, pour dessiner un grand plan piéton en 2022.
« Aménager le chemin des ESSES à Saint-Didier-au-Mont d’Or pour descendre vers Lyon », « piétonisation de l’avenue Henry Barbusse à Villeurbanne », « végétaliser la rue Paul Bert, la rue Danton à Lyon », autant de contributions qui mettent en avant la volonté de rendre la marche plus accessible, plus sécurisée et plus agréable.
Le constat majeur est que la marche à pied a jusqu’à présent été traitée en rangs dispersés et de façon indirecte : en termes d’accessibilité, de flux voyageurs… Il semblait donc primordial de lui consacrer des objectifs précis afin d’en déduire des investissements fléchés.
Ce plan piéton s’est donc révélé indispensable pour impulser une véritable dynamique.
Car les problèmes ne sont pas les mêmes en milieu urbain dense et en périphérie, mais il existe des obstacles à la marche dans tous les territoires :
- En périphérie ou en milieu peu dense : des trottoirs non conformes, c’est-à-dire pas assez larges, ou même des trottoirs inexistants. Le rapport l’indique : presque un cinquième de nos linéaires de voirie ne sont pas équipés correctement (18 %).
- En zone urbaine dense, les difficultés sont connues car nous les rencontrons tous les jours : poubelles, véhicules stationnés sur le trottoir, poteaux électriques, etc. Dans de nombreuses situations, les personnes à mobilité réduite, en fauteuil roulant ou les parents avec des poussettes doivent s’aventurer sur la route pour franchir ces obstacles.
Aussi, depuis le début de notre mandat, l’exécutif s’est engagé pour un changement de paradigme : considérer la marche à pied comme une mobilité à part entière.
Car les enjeux sont forts et nombreux :
- Enjeu de réappropriation de l’espace public sous des formes paisibles et apaisées, c’est-à-dire en donnant plus d’espace et de confort aux usagers de la route les plus vulnérables que sont les piétons. Il faudra aussi veiller à assurer les continuités piétonnes, et notamment en sécurisant les passages piétons et en prévoyant des temps de traversée plus longs.
- Enjeu d’inclusion, car la marche ou le cheminement sur les trottoirs est souvent le seul mode de transport pour les personnes handicapées, âgées, les jeunes, ou pour les foyers faiblement motorisés (c’est-à-dire les foyers les plus pauvres).
- Enjeu économique aussi, car favoriser les polarités piétonnes permettra de développer et de soutenir le commerce de proximité. Différentes études, notamment du CEREMA le prouvent : un quartier piéton entraîne une hausse de l’achalandage, une hausse des consommations de loisirs, et une prise de valeur des fonds de commerce.
- Autre enjeu économique pour les ménages : la marche, c’est gratuit.
- Enjeu de santé aussi : la marche reste un mode « actif » et est donc une façon de prendre soin de sa santé physique (lutte contre l’obésité, réduction des risques cardio-vasculaires, etc.) et mentale (réduction du stress et de l’anxiété).
- Enjeu de pollution enfin : chaque trajet sans émission de carbone, de polluants, sans consommation d’hydrocarbures ou d’énergie, doit être valorisé et encouragé.
C’est en créant l’infrastructure qu’on créée l’usage.
Si certaines zones de la Métropole semblent peu propices à la marche à pied, c’est en grande partie car elles n’ont pas été conçues pour les piétons. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de piétons qu’il ne faut pas faire de trottoirs.
L’exemple de la délibération suivante, qui vise à créer un trottoir sur la route d’Ampère à Poleymieux-au-Mont-d’Or est une bonne illustration puisqu’elle permettra aux habitants d’accéder sereinement au centre du village. Car en effet, plus les cheminements piétons seront développés, apaisés et confortables, plus les déplacements se feront de cette manière.
Alors je dirai c’est en marchant qu’on devient piéton.
Ce plan piéton est donc la façon de redonner aux déplacements banals du quotidien toute leur importance, leur confort, leur sécurité et leur efficacité. Car la marche est un mode très efficace. En 30 minutes de marche, depuis la rue du Lac, on peut aller à l’Institut Lumière et au marché de Monplaisir, aux universités du quai Claude Bernard ou encore à la place Saint-Jean et au quartier du Vieux Lyon. En 15 minutes ou moins, on accède aux berges du Rhône, au Fort de Montluc ou aux Halles Paul Bocuse.
En dehors des 118 M€ FIC et PROX qui sont consacrés à des aménagements profitant à la fois aux piétons et aux cyclistes, le plan piéton est doté de trois lignes budgétaires qui atteignent 25 M€ pour les aménagements, la signalétique et l’entretien de l’existant.
Nous l’avons vu avec le vélo, plus on crée de pistes cyclables plus on facilite l’accès à l’utilisation du vélo. On se sent sécurisé et facilité dans ses déplacements. Merci donc à la métropole d’investir dans les Voies lyonnaises.
Notre groupe se félicite de ce nouvel engagement métropolitain pour le développement des modes doux et votera favorablement ce rapport.
Je vous remercie.