Premier compte administratif étudié depuis le début de la pandémie en mars 2020, il permet de voir l’effet ciseau qu’ont subi les finances des collectivités, entre hausse des dépenses et baisse des recettes. On notera que la dégradation a été moindre qu’attendu. Stéphane Gomez est intervenu pour le groupe socialiste.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Président, chers collègues,
Je ne reviendrai pas, pour les élus « Socialistes, la Gauche sociale, écologique et Apparentés » sur l’ensemble des données présentées avec clarté par le Vice-Président aux Finances. Nous y adhérons et nous approuverons naturellement ce compte-administratif 2020.
Cette intervention ne se focalisera que sur quelques points que nous souhaitons mettre en exergue.
Tout d’abord, cela ne surprendra personne, les finances de la Métropole de Lyon connaissent cette année, comme toutes les collectivités, un effet ciseau important, avec — à cause de la crise sanitaire et des mesures de confinement ou d’accompagnement — à la fois moins de recettes et plus de dépenses.
C’est notamment visible pour notre collectivité au niveau des dépenses de fonctionnement, qui grimpent de 74 M€. Plus de la moitié de cette hausse — 40 M€ — sont imputables à une augmentation des dépenses sociales (à travers l’ensemble de nos politiques : toutes sont concernées par des hausses).
Il y a un sujet structurel qui doit nous alerter collectivement, car on le retrouve dans notre Métropole comme on le voit sur l’ensemble des Départements, c’est la hausse mécanique et inéluctable semble-t-il de certaines dépenses comme l’indemnisation et l’accompagnement des allocataires du RSA ou la prise en charge des MNA. C’est collectivement, nationalement, que nous devons nous interroger sur la prise en charge par les collectivités de ces dépenses induites par une décentralisation de la compétence nationale.
À côté de cette tendance, il y a un effet conjoncturel, avec les mesures prises pour limiter les effets de la pandémie et accompagner les Grands Lyonnais qui ont été impactés directement ou indirectement par ses effets. Je soulignerai en la matière tous les salariés de la « 1ère ligne », tous les « premiers de corvée », infirmiers et infirmières, hôtes de caisse, aides à la personne, agents de sécurité, livreurs, toutes celles et tous ceux qui sont allés tous les jours travailler pour nous aider à tenir le choc du confinement et des mesures de freinage, celles et ceux qui nous ont permis de faire cohésion et nation, qui sont aussi celles et ceux qui subissent les 1ers les effets de la crise économique qui est le corolaire de la crise sanitaire et qu’il a fallu — et c’est bien le minimum qu’on leur doit — accompagner socialement aussi dans ces difficultés.
Dans ce contexte dégradé partout en France, en Navarre et partout ailleurs, quelques points locaux positifs à souligner.
Notons d’abord une hausse de 10 M€ de la DMTO (Droits de Mutation à Titre Onéreux) qui atteint un niveau élevé de 381 M€ : après un début d’année difficile -et on le comprend bien compte-tenu du contexte- la fin 2020 est marqué par un phénomène qui n’est pas simplement de rattrapage. La CVAE (Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) augmente elle de 25 M€ à 319 M€, sans hausse des taux. Le dynamisme de ces 2 fiscalités -à taux constants, redisons-le- permet une hausse des recettes de fonctionnement de 31M€.
De quoi rassurer et contredire les collapsologues libéraux pour qui point de salut hors de l’ultra-libéralisme et du laissez-faire : on peut porter des choix forts en termes d’investissements et d’accompagnement du développement urbain sans faire fuir les promoteurs et les investisseurs privés. La Métropole de Lyon demeure un territoire dynamique, qui attire et continuera à attirer autour d’un projet de développement repensé pour s’inscrire dans les exigences de transition sociale et environnementale de ce XXI siècle.
Sur la dette ensuite. Là encore des inquiétudes fortes étaient portées, que l’on peut comprendre dans une société qu’on éduque depuis des années dans l’angoisse de la dette. Nous n’avons pas peur de la dette si elle est socialement et sociétalement juste et si elle est budgétairement supportable par les collectivités sans avoir à augmenter la tension fiscale sur les foyers populaires.
Elle est alors un outil au service du mieux des habitants. Une collectivité n’a pas vocation à faire des bénéfices, mais à obligation à développer des équipements publics, des politiques publiques de développement économique et d’accompagnement social, … qui répondent aux besoins des populations.
Avec 2 085 M€ d’encours de dette, la situation de la Métropole se dégrade légèrement (200 M€) mais cela s’explique largement par le contexte. Les recettes d’investissement sont en léger recul (16,7 M€) en raison du contexte, et si l’autofinancement se dégrade légèrement -il est encore au très bon niveau à 503 M€ contre 546 M€ en 2019- c’est en grande partie par les 150 M€ d’aides exceptionnelles en réponses à la crise sanitaire et à l’effet « sociaux » qu’elle a induits. Nous sommes donc très loin de l’effondrement que certains craignaient ou espéraient, comme le démontre l’encours de dette : avec seulement 4,1 annuités de désendettement (contre 3,4 ans en 2019), la situation financière de notre Métropole est bonne, très bonne. Nous investissons pour améliorer le bien-être des Grands Lyonnais sans faire peser sur eux demain le risque d’une dette incontrôlée.
Nous investissons et nous réalisons : alors que les dépenses opérationnelles passent de 599 M€ au CA 2019 à 743 M€ au CA 2020, elles sont de plus à un niveau très élevé de réalisation, avec un taux de réalisation de plus de 99% (mais il faut aussi reconnaître que cet excellent taux de réalisation est aussi favorisé par les restes à réaliser d’opérations initiées lors du précédent mandat).
Voici en quelques mots, Monsieur le Président, chers collègues, notre analyse — à travers quelques données clefs — du compte administratif 2020 de notre Métropole, un compte administratif qui montre une Métropole qui résiste à la crise sanitaire et à son effet « ciseaux » sur les dépenses et les recettes, une Métropole qui investit dans la transition sociale et écologique, une Métropole qui investit dans le mieux vivre et le mieux-être des Grands Lyonnais, une Métropole qui s’engage dans les mondes d’après.