Anne Reveyrand sur la régie publique de l’eau #2

Anne Reveyrand sur la régie publique de l’eau #2

Le passage en régie publique de l’eau se poursuit et les contours se précisent avec cette seconde délibération. Outre le cœur du texte, Anne Reveyrand, qui est intervenue pour le groupe, a aussi évoqué les inquiétudes des syndicats.

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le président, chers collègues,

Si 80 % des collectivités d’Europe ont fait et font tous les jours le choix de gérer l’eau potable en régie, ce n’est pas un hasard. En France, ce sont 70 % d’entre elles qui ont opté pour ce mode de gestion. Et 70 % d’entre elles ne sont pas gérées par des Écologistes ou des Socialistes !

J’en profite pour rappeler ici que le programme socialiste pour la Métropole en 2020 faisait aussi cette proposition.

Quel sens donner à ce mouvement de fond ? Cela manifeste clairement un souci de saine gestion des deniers publics et une volonté de maîtriser cette ressource qui, tout le monde en conviendra, n’est équivalente à nulle autre, parce qu’elle est essentielle à la vie et qu’elle nous est donnée par la nature. La volonté également de rendre effectif le droit d’accès à l’eau pour toutes et tous.

Quant aux groupes d’opposition convaincus sur le fond que cette Régie publique n’est pas une bonne solution, et qu’il est préférable pour notre collectivité et pour l’ensemble des habitants de notre Métropole, de faire appel à une entreprise privée, multinationale des services, ce n’est pas aujourd’hui que nous parviendrons à les convaincre, même s’ils n’ont guère d’arguments comme le laissait entendre le débat organisé en mars de cette année par Mediacités.

Ils s’insurgent d’être laissés en marge de la construction de cette régie. Mais ils ne la souhaitent pas ! Comment alors dialoguer efficacement, élaborer les réflexions que nous conduisons au sein de la majorité, avec eux. Les choses sont cependant transparentes et une information a été communiquée dans un groupe de travail pluriel où des échanges ont pu se tenir.

Votre vote concernera notamment 4 millions d’euros pour assurer la transition. C’est beaucoup trop diront certains. Tous les changements coûtent et ce fut aussi le cas lors de la dernière DSP.

Mais avec ce passage en régie publique, nous ferons l’économie des frais de siège (2,5 millions d’euros), celles des dividendes reversés aux actionnaires (4 millions d’euros en 2016, presque 3 millions en 2019). Les marchés passés au niveau national par mutualisation génèrent en effet des marges cachées, car Veolia marge sur ses filiales lors des achats de fournitures et de services dans des marchés nationaux. Après la marchandisation de l’eau des années 80-90, nous assistons désormais à sa financiarisation.

Les marges du délégataire serviront à l’amélioration du réseau. La maîtrise publique de la gestion de l’eau potable, et elle seule, nous permettra de choisir les finalités d’intérêt public avant celles de la rentabilité.

Parlons maintenant de l’actualité. Les syndicats de Veolia s’expriment ? Quoi de plus normal. Nous parlons de processus. Ce qui sous-tend un certain nombre d’étapes de réflexion et de mise en œuvre. On parle donc d’un temps long – et certains ici nous auraient reproché la précipitation – mais nous avons bien conscience que l’incertitude n’est pas facile à supporter. C’est pour les salariés de Veolia long et bien trop long. Ils expriment leur inquiétude, malgré certains principes donnés dès l’an dernier : emploi et rémunération seront maintenus lors du changement d’employeur.

Le travail conjoint qui démarrera dès septembre 2021, permettra d’élaborer un accord anticipé de substitution, en amont de la création de la régie. Ceci devrait rassurer les agents d’Eau du Grand Lyon.

En revanche, et c’est suffisamment rare pour que cela soit souligné, les syndicats des agents de la Métropole se sont unanimement prononcés favorablement sur ce dossier. En effet, le périmètre de la Régie publique de l’eau ne se limitera pas aux agents d’Eau du Grand Lyon puisqu’un certain nombre d’agents de la Direction de l’eau de la Métropole, comme de Veolia rejoindront cette nouvelle entité, en lien avec le périmètre choisi qui vous est présenté.

Notre réflexion nous a conduits à établir un périmètre différent de la Délégation de service public actuelle pour assurer une répartition plus franche et plus claire des tâches dévolues à l’Autorité organisatrice et à la Régie. A la première, le niveau stratégique et prospectif qui établira le document stratégique pour les 15 ans à venir, le « Schéma général d’alimentation en eau potable », à la deuxième l’ensemble du niveau opérationnel et le court et moyen terme. Sans distinction, comme c’est le cas aujourd’hui, dans le diamètre des canalisations puisqu’il faut savoir qu’au-delà de 150 mm, ce n’est pas Veolia qui intervient mais bien nos agents de la Métropole de Lyon.

La Métropole, bien sûr ne se prive donc pas d’une stratégie globale, d’une expertise transversale à l’ensemble (ou presque) des politiques qu’elle met en œuvre.

Mais notre tâche ne s’arrête pas là, au-delà des travaux en cours sur la tarification et l’implication des usagers, car il nous faudra sensibiliser largement les habitants de la Métropole qui ne connaissent généralement ni la quantité ni le coût de l’eau qu’ils consomment. Et là commence une longue appropriation par tous des enjeux que représente l’eau partout, dans le monde et ici dans la Métropole de Lyon. C’est un véritable défi !

Notre groupe Socialistes, la gauche sociale et écologique & Apparentés votera, vous l’aurez compris, cette délibération.

Je vous remercie de votre attention.