Le conseil de la Métropole a voté ce jour un soutien de 50 000 € à l’association « l’Alliance urgences », dans le cadre de la guerre en Ukraine. Jean-Michel Longueval a pris la parole, pour expliquer notamment la belle réaction collective du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche : accueil des chercheurs en exil, soutien aux étudiants étrangers impactés par la guerre, rapatriement des étudiants en échange en Russie ou en Ukraine, etc.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président, chers collègues,
Nous dénonçons tous cette guerre déclenchée par la Russie et les élans de solidarité sont nombreux. Aujourd’hui, nous y participons à l’aide d’une contribution de 50 000 €. Je veux aujourd’hui témoigner sur les impacts de ce conflit sur le monde universitaire.
La Russie a déclaré que des étudiants russes étaient expulsés des universités en France et aussi d’autres pays. C’est bien évidemment un mensonge de plus. Les quelques 5 000 étudiants russes, ainsi que les enseignants-chercheurs, continuent à étudier en France et plusieurs universités les ont aussitôt rassurés.
Le 3 mars, 7 000 scientifiques russes adressaient une lettre ouverte à leur président pour dénoncer l’agression de l’Ukraine, mais, dès le lendemain, l’Union des recteurs d’universités de Russie publiait une déclaration de soutien à Poutine, allant jusqu’à appeler à la « dénazification » de l’Ukraine.
Dans ce contexte, France Universités a immédiatement suspendu le protocole d’accord qu’elle a signé en 2013 avec l’Union des recteurs de Russie. L’association européenne universitaire (EUA) en a fait de même.
France Universités a demandé aux universités françaises de suspendre toute collaboration avec les universités russes concernées et a incité à plusieurs mesures d’urgence :
- Un soutien financier aux étudiants ukrainiens ou russes actuellement en France et privés d’accès à leurs ressources personnelles ;
- Le renforcement du programme PAUSE (Programme d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil), créé en janvier 201, doté de 2 M€ et qui a pour objectif d’accueillir en France des chercheurs étrangers et leur famille, en situation d’urgence.
Ce programme a permis l’accueil en France de 222 chercheurs étrangers, autant femmes que hommes, dont 30% de Syriens, et aussi issus d’Irak, de Turquie, de Russie, d’Afghanistan. D’autres encore du Burundi, du Vénézuela, du Pakistan ou du Yémen. Les deux tiers d’entre eux sont spécialisés en sciences humaines. 30% sont des doctorants.
En ce qui concerne les étudiants russes et ukrainiens, ils cohabitent parfois au sein des mêmes établissements, et sont confrontés à une détresse autant psychologique que financière. Certains étudiants russes se cachent même, craignant des représailles.
Ils ont retiré du liquide en début de conflit avant que leur carte bancaire ne soit bloquée et certains étudiants russes sont contraints de rentrer dans leur pays.
La solidarité s’organise :
- L’association des jeunes ambassadeurs, que nous finançons, fonctionne avec un réseau de parrains et marraines qui ont renforcé leur présence auprès des étudiants concernés.
- Aujourd’hui, une réunion rassemble le Recteur délégué à l’ESRI, l’Université de Lyon, le CROUS, notre collectivité et aussi la Ville de Lyon pour faire le point sur les effectifs d’étudiants impactés et leurs besoins.
Les universités sont mobilisées.
L’Université Lumière Lyon 2 a centré son service de santé universitaire vers ces étudiants et déclenché une aide financière d’urgence.
Avec le CROUS, des logements d’urgence sont proposés aux étudiants ukrainiens, arrivés depuis peu à Lyon de l’Université de Kharkiv, pour leur second semestre.
Lyon 2 a rapatrié ses étudiants séjournant en Russie mais aucun étudiant de Lyon 2 n’était sur le sol ukrainien ce semestre.
Lyon 3 a fait de même : rapatriement pris en charge des étudiants en Russie, soutien financier pour les étudiants impactés (russes, biélorusses ou ukrainiens), maintien de l’accueil des étudiants russes.
Les étudiants français en Russie ne sont pas très nombreux ; en 2020, l’Unesco en recensait 346, ce qui classait la Russie à la 23e position des pays de destination des étudiants français.
Par ailleurs, le recteur délégué a fait passer un message aux établissements de veiller à ce que les étudiants russes en France ne soient pas menacés, quand on sait que Facebook et Instagram ont modifié leur politique de modération afin, je cite, de faire preuve « d’indulgence » envers les menaces de mort proférées contre des soldats et les dirigeants russes. On peut s’interroger sur cette décision qui promeut la haine en ligne.
En conclusion, comme l’a témoigné, Wilfried N’Sondé, un auteur qui concourait au prix Summer de la Métropole à la fête du Livre de Bron, nous sommes bourrés de contradictions. La même année où une partie de la France s’est offusquée de la trahison liée à la perte du contrat avec l’Australie, de 12 sous-marins, pour un montant de 56 millions, cette même France, quelques mois après, dénonce la guerre et ses ravages en Ukraine. Dans la même idée, la France continue à vendre des armes à l’Arabie Saoudite, qui bombarde le Yémen.
Rappelons simplement que le nombre de pays en conflit a doublé en une décennie et que l’on estime à 23 pays et 850 millions de personnes qui font actuellement face à un conflit de moyenne ou de forte intensité.
L’Ukraine est venue grossir ce grand nombre de pays subissant guerre, tragédie humaine et dévastation économique ; l’horreur en Ukraine venant ruiner un peu plus les efforts pour maintenir le monde en paix et mettre fin à la pauvreté dans le monde.