Jean-Michel Longueval sur la désimperméabilisation des villes

Jean-Michel Longueval sur la désimperméabilisation des villes

Parmi les grands risques climatiques qui menacent la France figure celui des canicules meurtrières, dont la fréquence va augmenter. Ce sont les Métropoles qui seront les plus touchées. Le conseil de la Métropole vient d’adopter deux délibérations pour anticiper ces risques : un contrat avec tous les acteurs publics, pour une ville perméable d’une part ; le déploiement d’une stratégie opérationnelle de désimperméabilisation à près d’un million d’euros d’autre part. Jean-Michel Longueval est intervenu sur ces deux rapports.

Seul le prononcé fait foi


Monsieur le président, chers collègues,

Dans cette enceinte, nous avons déjà cité le 6ème rapport du GIEC, publié fin février, qui je le rappelle, est un rapport scientifique dont le principe est l’étude et la compilation de milliers d’articles de recherche.

Ce rapport indique que 4 grands risques menacent particulièrement la France, et l’un de ces risques est celui des canicules meurtrières dont la fréquence va augmenter. Bon nombre de scientifiques, pour ne pas dire tous, nous disent que la France n’est pas suffisamment préparée. Je cite « la France reste cantonnée à des mesures sectorielles et à des actions dispersées essentiellement réactives et curatives, sans vision globale, etc. ».

Ce sont bien les grandes villes, dont notre métropole, qui seront touchées de plein fouet par ce réchauffement climatique, autour de l’accentuation de l’effet « ilot de chaleur urbain ». L’augmentation des nuits dites « tropicales », où la température reste supérieure à 20 °C, vont devenir la norme, le nombre de personnes mourant de la chaleur pouvant passer de 1 500 à plus de 5 000 si nous ne faisons rien.

Comme toujours, ce sont les personnes âgées et les enfants qui en souffriront le plus, et surtout les enfants assignés à résidence en ville, qui ne connaissent pas les week-end à la campagne ou à la montagne.

Une des solutions de lutte contre les ilots de chaleur urbains est celle présentée aujourd’hui dans ce rapport sur la ville perméable. Je veux ici remercier les équipes pour la clarté, la limpidité et donc la grande qualité pédagogique du rapport qui nous est proposé. On ne peut que tous y adhérer.

Il nous faut citer ici les villes et les partenaires qui ont souhaité rejoindre le contrat métropolitain pour une ville perméable : Lyon, Villeurbanne, Vénissieux, Oullins, Saint-Fons, La Mulatière, Limonest, Craponne, Saint-Germain Curis, Champagne ou encore Collonges, mais aussi les 3 OPH métropolitains, ainsi qu’ICF Habitat et enfin l’Université de Lyon. Tous s’engagent à intégrer la désimperméabilisation dans le contrat, qui va de pair avec la gestion des eaux pluviales.

Le but est d’arrêter de verser les eaux pluviales dans nos stations d’épuration et donc d’aller vers la séparation des réseaux, qui, là encore, est une erreur du passé par manque de prospective et d’anticipation, et bien évidemment, j’y viens, à l’augmentation des surfaces imperméables.

L’ambition pour 2026 est de désimperméabiliser 400 hectares sur notre territoire. Le travail a déjà commencé au précédent mandat, où 60 hectares ont été libérés.

À ce jour 200 hectares ont déjà été repérés. Il en manque mais l’objectif est atteignable. Notre métropole fait 534 km². 1km², c’est 100 hectares (c’est une question du jeu des 1 000€), 1 hectare étant un carré de 100mx100m. Notre métropole fait 53 400 hectares. 400 hectares, c’est donc 0,75% de la surface de la Métropole. Nous devrions nous en sortir.

Les communes seront essentielles pour y parvenir. Mais il faudra aussi mobiliser les propriétaires de fonciers privés, à savoir les copropriétés et les entreprises.

Bien sûr, désimperméabiliser la métropole peut aussi se confronter à l’objectif de construction de nouveaux logements, qui nécessairement, se fait sur des surfaces souvent perméables. Il y a une contradiction à gérer.

Cela demande aussi des crédits spécifiques, et c’est l’objet du contrat avec l’Agence de l’eau qui contribue aux investissements des signataires. On ne peut que souhaiter que d’autres villes et d’autres partenaires intègrent plutôt tôt que tard ce contrat.

J’adhère enfin totalement à l’idée dans la gouvernance de la ville perméable, de créer un comité scientifique intégrant l’INRAE, le CEREMA, dont je rappelle que le siège est à Bron, au sein de la Cité des Mobilités et aux côtés de l’Université Gustave Eiffel. Cette dernière, créée en 2020, est spécialisée sur la ville durable et regroupe en son sein le quart de la recherche française sur les villes de demain.

Cette recherche orientée vers la ville de demain doit contribuer à trouver des solutions technologiques. La Métropole se doit d’être partenaire de grands projets tel les PEPR exploratoires (programmes et équipements prioritaires de recherche) du MESRI et de l’ANR, notamment celui qui porte sur la biodiversité et des solutions fondées sur la nature, qui comporte un volet urbain, autour de la nature en ville.

Enfin, il nous faut aujourd’hui réfléchir avec les villes sur la répartition des compétences sur la gestion des espaces vert. Parfois cette répartition peut être source de blocages. Les services espaces verts des communes, à budget constant, sont très attentifs à l’augmentation des surfaces à traiter, que ce soit en propreté ou en entretien. Il est temps, je le crois, de lancer un travail en profondeur sur ces répartitions au service de la simplification, de telle sorte que cela n’entrave pas les objectifs de la ville perméable.

Nous voterons bien évidemment cette délibération.