En ouverture du Conseil de la Métropole, Jean-Michel Longueval s’est exprimé sur la situation du monde, de l’Italie jusqu’à l’Iran en passant par la Suède ou l’Ukraine. Il est revenu ensuite sur la culture, le logement et les politiques de solidarité menée par la Métropole. Retrouvez son intervention complète ci-dessous.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président, chers collègues,
Je débuterai cette intervention par un mot de soutien, au nom du groupe socialiste, à Gérard Collomb.
Comme l’écrivaient les Échos en fin de semaine dernière, c’est une, je cite, « drôle de rentrée dans les trois guerres mondiales : guerre contre Poutine, guerre contre l’inflation, et enfin guerre contre le réchauffement climatique : nous sommes sur tous les fronts. De quoi broyer du noir et alarmer l’opinion. Et si cette triple crise était aussi l’occasion d’une reconstruction positive de notre « système-monde ».
Oui, c’est une période de grande incertitude et de grande inquiétude, avec le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine, la montée de l’extrême-droite en Europe, l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie, et les catastrophes climatiques comme en Guadeloupe, au Pakistan et dans bien d’autres pays.
Je souhaite ici dénoncer les crimes de guerre de l’armée russe comme il nous faut dénoncer la nouvelle escalade de Vladimir Poutine. Je souhaite aussi dénoncer la répression que subissent les Iraniennes et les Iraniens, comme je souhaite dénoncer la nouvelle agression de l’Arménie par l’Azerbaïdjan.
Et ainsi, au même moment où nous aurions besoin d’un droit international renforcé, mettant l’humanisme au cœur de tout, l’extrême-droite monte en Europe et cette montée conduit à une forme de banalisation d’une idéologie qui pourrait nous ramener à certaines des pires heures de notre Histoire.
En Suède, le parti nationaliste, deuxième force politique après les législatives, pourrait bientôt jouer un rôle central. À Rome, les postfascistes de Fratelli d’Italia réalisent une percée et devraient s’emparer du pouvoir. En France, 89 députés d’extrême-droite sont entrés d’un bloc à l’Assemblée nationale.
Alors, devons-nous broyer du noir ou espérer ?
Dans ce contexte, il pourrait paraître décalé de parler culture, mais elle est ce qui nous tire vers le haut, nous permet la rencontre, l’ouverture aux autres et au monde ; la culture est au fond ce qui nous permet de faire civilisation.
Hier à Villeurbanne, nous avons eu l’illustration avec le spectacle Royal de Luxe. Je veux citer aussi le lancement vendredi soir du festival Karavel à Bron. Ces belles manifestations, l’espace d’une soirée, d’un dimanche après-midi, participent à nous extraire d’un quotidien bien lourd et à nous donner espoir dans l’avenir.
Il nous faut aussi nous féliciter de l’accueil à Lyon, dans notre Métropole, du Congrès de l’Union sociale pour l’habitat. C’est l’occasion à nouveau d’affirmer notre priorité qu’est de proposer un logement accessible et abordable pour tous, d’affirmer la pertinence de l’encadrement des loyers, des projets en bail réel solidaire (BRS) et la construction de logements sociaux, et aussi dans l’effort fait par la Métropole pour trouver des solutions aux personnes sans logement, de rendre la Métropole vraiment hospitalière.
L’espoir dans l’avenir, c’est aussi notre capacité à protéger la santé des Grands Lyonnais, et cela passe par la lutte contre la pollution de l’air. Le Vice-Président Thierry Philip a lancé la ZFE, à nous d’en accentuer la portée.
Notre actualité, c’est aussi les coûts de l’énergie, l’inflation, les difficultés croissantes pour bien des ménages de boucler les fins de mois, de se nourrir, de vivre dignement. Nos politiques doivent toujours prendre pour priorité la solidarité avec les plus démunis, les plus exclus. Car c’est en les aidant en premier que l’on améliorera la société tout entière.
On ne peut cependant agir seul. Le gouvernement doit en prendre la mesure et défendre à tout crin chacun de nos services publics, comme il doit cesser de fragiliser notre système de solidarités.
La NUPES a présenté mercredi une proposition de loi pour taxer les superprofits des grandes entreprises et tenter d’obtenir un référendum d’initiative partagée (RIP) sur le sujet. Alors que le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne ont mis en place une telle taxe, en France le gouvernement est resté aussi réticent que divisé. Aux chômeurs et bénéficiaires du RSA on impose des efforts, aux entreprises le ministre de l’Économie se contente d’en demander.
Enfin, les collectivités et notamment les communes sont soumises à rude épreuve ; et pour boucler les budgets, les arbitrages sont bien difficiles. Comment faire pour ne pas baisser le niveau du service public, comment ne pas réduire les budgets parfois déjà trop maigres consacrés à la culture, aux animations, à la vie associative, au sport, alors que dans ces moments de crise, le vivre ensemble est essentiel pour ne pas s’isoler et sombrer ?
Je salue au passage la motion votée par l’Université Lumière Lyon 2, vendredi dernier, qui affirme que le passage des enseignements en distanciel est tout sauf une solution acceptable. Les étudiants ont déjà trop souffert des deux dernières années.
Il est temps que le gouvernement cesse les baisses d’impôts, qu’il cesse de favoriser le profit privé pour enfin s’intéresser au bien public. Car le tout-marché a montré ses limites. « Le Monde » titrait jeudi : Pour Emmanuel Macron, la hantise de voir l’extrême-droite lui succéder. Peut-être serait-il temps pour le gouvernement de s’intéresser enfin aux vraies problématiques, sans quoi cette hantise pourrait bien vite devenir réalité.
Enfin, pour conclure, j’ai entendu un membre de cette assemblée jeudi sur BFM Lyon parler de Métropole punitive, d’une majorité qui aurait fait la promesse de sauver le monde, et qui au contraire l’aggraverait par des politiques punitives.
Je vous le demande donc, la Métropole est-elle punitive quand elle innove avec le revenu de solidarité jeunes pour aider les plus démunis de notre jeunesse ?
La Métropole est-elle punitive quand elle décide de tarifs solidaires pour les transports en commun ?
La Métropole est-elle punitive quand elle permet aux CTM de concevoir et porter des projets de territoire pour le bien vivre de leurs habitants ?
La Métropole est-elle punitive quand elle décide d’une aide aux communes pour les aider à faire face aux besoins en équipements publics ?
La Métropole est-elle punitive quand elle décide de reprendre en main la gestion de l’eau, dont on a vu cet été ô combien elle est menacée dans un avenir proche ?
La Métropole est-elle punitive quand elle met en place l’encadrement des loyers, le bail réel solidaire face au marché qui a conduit à la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui ?
Non, nous n’avons pas l’ambition de sauver le monde, simplement celle de contribuer à son amélioration et de permettre au plus grand nombre de vivre dignement.
Et c’est bien dans cet objectif de permettre au plus grand nombre de vivre dignement que nous devons aborder ce Conseil et bon nombre de nos délibérations y tendent.
Je vous remercie.