Le projet de règlement local de publicité poursuit son chemin. Le Conseil de la Métropole a aujourd’hui approuvé deux délibérations : l’arrêt du bilan de concertation et l’arrêt du projet de RLP. Ce projet sera désormais soumis pour avis aux communes, avant son adoption en 2022. Michèle Edery est intervenue pour le groupe.
Seul le prononcé fait foi
Monsieur le président, chers collègues,
La publicité dans nos villes est devenue un véritable sujet politique contemporain qui se trouve être à l’origine de conséquences néfastes, à la fois écologiques et sociales, auxquelles les élus doivent faire face et répondre.
Les enjeux écologiques ont été identifiés à l’occasion du Grenelle de l’environnement de 2012, comme les répercussions sur le cadre de vie et la qualité paysagère, la pollution lumineuse, la pollution visuelle et nocturne, l’impact de la publicité sur le commerce local, l’omniprésence de la publicité dans l’espace public, la production de transport, de déchets supplémentaires, etc. Autant de répercussions dangereuses pour notre planète.
Si cette dimension écologique doit nous mobiliser, les conséquences sociales sur notre population doivent particulièrement nous alerter.
En effet, les contrecoups de la publicité retentissent particulièrement sur les plus fragiles. Les enfants et les adolescents sont les cibles privilégiées : publicités alimentaires nocives pour la santé, incitation à consommer de mauvais produits qui conduisent aux troubles alimentaires, à la malbouffe, l’obésité, l’inactivité.
Ce monde utopiste qui leur est proposé s’oppose au monde réel, un monde fermé sur lui-même, vantant la mise en avant du physique au détriment des valeurs humaines, engendrant toutes les frustrations, les comportements agressifs et illicites chez les jeunes, la perte de l’estime de soi, sans parler des clichés sexistes envoyés.
Cette course constante à la consommation de produits dont nous n’avons pas besoin encourage des désirs constamment insatisfaits qui viennent combler des existences qui ont perdu le sens profond.
Et que dire de ces quartiers où seule la publicité accrocheuse semble rappeler à chacun qu’une vie existe ! À l’État d’ailleurs nous demandons : à quand un encadrement des publicités pour paris sportifs, ces pubs qui s’approprient les codes culturels des quartiers pour mieux faire prospérer la misère ?
Faut-il donc admettre que l’impact positif de la publicité n’agirait uniquement que sur les sociétés et les entreprises ?
Mais plus surprenant encore, le fait que ces conséquences écologiques et sociales néfastes obligent alors les élus à mettre en place et à financer des politiques publiques, trouver des solutions parfois onéreuses pour contrecarrer ces séquelles.
C’est toute la perversion de ce sujet qui nous invite à repenser la prévention.
Aujourd’hui cette majorité entend prendre en compte cette problématique de manière responsable et volontariste dans tous ses aspects. À travers ses engagements, ses choix politiques et ce règlement, elle assume pleinement cette nouvelle compétence de la Métropole en la matière.
Nomination d’un vice-président chargé de la réduction de la publicité, mesures concrètes comme à titre d’exemple, la mise en place d’horaire d’extinction, le renforcement des zones économiques, le rejet des dispositifs numériques, l’interdiction de la publicité sur les bâches de chantier, la différenciation entre les enseignes et les affiches lumineuses, etc. Toutes ces mesures s’inscrivent dans une démarche responsable et équilibrée à souligner qui vise :
- À proposer un calendrier pour projeter la réalisation effective de ce règlement ;
- À inscrire le règlement dans une démarche démocratique avec la mise en place des concertations avec les CTM, les élus, les associations ;
- À prévoir un temps suffisant pédagogique pour la compréhension et l’harmonisation des règles pour chacun ;
- Et surtout à envisager une publicité informative supérieure à celle exclusivement publicitaire.
Ces orientations vont dans le bon sens, elles poursuivent des avancées écologiques, sociales et de prévention essentielles pour nos concitoyens et notre cadre de vie.
Elles s’inscrivent dans la volonté de préparer et d’anticiper un avenir environnemental viable pour nos enfants.
Et comme le dit une citation : « la publicité pousse les gens à ne pas se fier à leur jugement, elle leur apprend à être stupide ».
Alors donnons plutôt à nos habitants les moyens d’apprendre à être décideur et autonome dans leur consommation.
Le groupe Socialistes, la gauche sociale et écologique et apparentés partage pleinement cette vision et votera pour ce règlement.
Je vous remercie.