Sandrine Runel – Intervention sur le règlement local de publicité

Sandrine Runel – Intervention sur le règlement local de publicité

Monsieur le Maire,

Mes chers collègues,

Si l’on dit souvent que la publicité est inutile, abêtissante voire même uniformisatrice, force est de constater qu’elle et sa déclinaison en divers modes de communication ont inondé les médias de slogan, d’images et envahi nos espaces géographiques, sonores et mentaux.

En effet, à bien y réfléchir, la publicité dans l’espace extérieur est en soi une atteinte extrême à la liberté individuelle. En effet, hors de lieux privés où l’on a tout le loisir de choisir si l’on veut ou pas consulter de la publicité, dans l’espace public, elle s’impose. Nous la subissons. Et parfois à son détriment car l’excès lui fait perdre en visibilité.

C’est en soi une ingérence dans notre sphère individuelle, au-delà du fait qu’elle nous impose avec un produit, un modèle de société qui n’est pas forcément un modèle rêvé, imprimant son exigence de manière inconsciente sur nombre de publics parfois très malléables, notamment les enfants et les jeunes.

Cela a été démontré, la surcharge de messages affecte, on le sait aujourd’hui, notre santé psychologique.

En décembre dernier la Métropole de Lyon a adopté l’arrêt du bilan de concertation et l’arrêt du projet de Règlement Local de Publicité. Ce projet est donc soumis pour avis aux communes, avant son adoption fin 2022.

Un règlement local de publicité, c’est une vision de la ville. Loin d’une ville triste, sans information, sans lumière, il nous est proposé un paysage apaisé, à l’heure où les communes font nombre d’efforts pour améliorer la qualité de l’espace public offert aux habitants.

Le travail préparatoire conduit par la métropole depuis plus d’un an avec les communes a permis de mettre en avant les plus grandes difficultés rencontrées par les habitantes et habitants directement concernés, et de les lever.

Pour ne citer que quelques situations particulièrement invivables, les résidents des immeubles où étaient installées des enseignes lumineuses et qui chaque nuit subissaient un éclairage intempestif dans leur appartement ! 

Les propositions qui nous sont faites dans ce RLP vont plus loin que celles envisagées lors de la phase initiale d’élaboration 2016-2019, avec une prise en compte très claire de la question énergétique et de la pollution lumineuse, associée à une volonté de donner la place à la communication institutionnelle et à l’expression citoyenne.

La publicité dans nos villes est devenue un véritable sujet politique contemporain qui se trouve être à l’origine de conséquences néfastes, à la fois écologiques et sociales, auxquelles les élus doivent faire face et répondre.

Les enjeux écologiques ont été identifiés à l’occasion du Grenelle de l’environnement dès 2012, comme les répercussions sur le cadre de vie et la qualité paysagère, la pollution lumineuse, la pollution visuelle et nocturne, l’impact de la publicité sur le commerce local, l’omniprésence de la publicité dans l’espace public, la production de transport, de déchets supplémentaires, …

Autant de répercussions dangereuses pour notre planète.

Si cette dimension écologique doit nous mobiliser, les conséquences sociales sur notre population doivent particulièrement nous alerter.

En effet, les contrecoups de la publicité retentissent particulièrement sur les plus fragiles. Les enfants et les adolescents sont les cibles privilégiées : publicités alimentaires nocives pour la santé, incitation à consommer de mauvais produits qui conduisent aux troubles alimentaires, à la malbouffe, l’obésité, l’inactivité.

Mais également que faire devant un 4/3 invitant le week-end prochain au salon de l’érotisme quand votre fille de 7 ans vous demande pourquoi cette dame en très grand sur l’affiche est plus que dénudée ?

La publicité on le sait, renvoie encore une fois à clichés sexistes pour ne pas dire sexuels.

À l’heure où notre majorité choisit de piétonniser les rues aux abords d’école pour sécuriser les entrées et sorties des élèves et celles de leurs parents, à l’heure où nous discutons également de réduire la place de la voiture en ville, pour limiter la pollution de l’air bien sûr, mais aussi cette pollution sonore, à l’heure où nous construisons des repas équilibrée issue d’une alimentation locale, bio et durable dans nos restaurants scolaires, il  nous semble indispensable d’être en accord avec une publicité vertueuse et non agressive ou même aliénante.

Aussi, l’idée de zones blanches nous agrée, aux abords des centres villes historiques ou près des écoles, notamment comme proposés dans les neuf types de zones.

Ce qui ne semblait pas possible le devient.

En effet, aujourd’hui, la Métropole de Lyon entend prendre en compte cette problématique de manière responsable et volontariste dans tous ses aspects.

À travers ses engagements, ses choix politiques et ce règlement, elle assume pleinement ces orientations et les attentes exprimées lors des phases de consultation avec notamment des mesures concrètes comme :

–        la mise en place d’horaire d’extinction des enseignes lumineuses,

–        le renforcement des zones économiques,

–        le rejet des dispositifs numériques,

–        l’interdiction de la publicité sur les bâches de chantier,

Toutes ces mesures s’inscrivent dans une démarche responsable et équilibrée à souligner qui vise aussi à envisager une publicité informative supérieure à celle exclusivement commerciale.

Ces orientations vont dans le bon sens, elles poursuivent des avancées écologiques, sociales et de prévention, essentielles pour nos concitoyens et notre cadre de vie.

De fait, les mesures proposées dans ce règlement pour maitriser la publicité en ville s’inscrivent dans notre volonté partagée de préparer et anticiper un avenir environnemental viable pour nous et nos enfants.

A nous désormais de trouver dans le règlement les outils nécessaires et nous assurer que ce RLP soit bien respecté.

En effet, tout en garantissant le respect de la liberté d’expression, de la liberté du commerce et de l’industrie et le bon exercice de l’activité des opérateurs économiques du secteur de la publicité extérieure et des enseignes, ce règlement nourrit l’ambition d’améliorer la qualité du cadre de vie, de lutter contre les nuisances visuelles, mais aussi de préserver le patrimoine culturel de notre ville.

Enfin, et en résumé, pour reprendre un slogan bien connu et lui faire un peu de pub, ce que nous voulons à Lyon, c’est « Des arbres pas des pubs » !

Je vous remercie.